Entretien avec Sylvain Degliesposti-Mautret, Educateur Spécialisé au SESSAD Saint-Pierre Espérance et formé à la pédagogie positive.

 

En quoi consiste votre métier d’éducateur spécialisé ? Et qui accompagnez-vous ?

J’accompagne des enfants et adolescents scolarisés en milieu ordinaire souffrant de troubles du comportement. Pour cela, nous travaillons en équipe interdisciplinaire au sein du service avec un médecin, des psychologues, une assistante sociale, un psychomotricien, une enseignante spécialisée, 2 autres éducateurs et une secrétaire. Nous avons également des conventions avec des intervenants extérieurs principalement en orthophonie et en psychomotricité.

J’ai travaillé avant cela pendant 5 ans au sein de l’ITEP St Pierre Millegrand. C’est dans mon métier d’éducateur, dans lequel j’étais en charge du suivi des jeunes scolarisés sur l’extérieur à l’ITEP, que j’ai découvert la Pédagogie Positive à travers 2 jours de formation proposés à l’ensemble des professionnels de l’institution intervenant dans le champ pédagogique en 2015.

J’ai quitté l’établissement pour me former dans cette discipline en 2017 afin d’obtenir une certification en pédagogie positive.

J’ai eu l’opportunité d’intégrer le service du SESSAD en septembre 2017 avec le souhait de développer cette approche au sein du service et plus largement de l’institution Saint-Pierre Millegrand.

J’ai depuis assuré des suivis individuels en pédagogie positive auprès d’enfants et adolescents du SESSAD et depuis fin 2019 auprès d’une Unité Pédagogique de l’ITEP en lien avec une enseignante et le soutien de la direction et du service auquel je suis rattaché.

Qu’est-ce que la pédagogie positive ?

La pédagogie positive a été développée par deux psychologues, Isabelle PAILLEAU et Audrey AKOUN  au début des années 2010 après avoir constaté une recrudescence des consultations concernant le temps des devoirs.

Elle a pour objectif de permettre à la personne accompagnée de découvrir et de comprendre ses compétences dans le processus d’apprentissage. Elle vise à  l’autonomisation de l’enfant dans son rôle d’élève ainsi que dans sa relation aux autres et à lui-même.

Elle propose pour cela une approche dite « tête, cœur, corps » qui réintroduit la nécessité de penser chaque individu dans sa globalité : le cognitif, l’affectif et le physique. Nous apprenons avec notre tête mais aussi avec nos émotions et notre corps.

Qu’est-ce que cela vous apporte dans l’accompagnent des jeunes ?

Cette approche renforce le lien avec les équipes pédagogiques auprès desquelles je travaille dans le cadre de mes accompagnements SESSAD. Elle me permet de rassurer les enfants sur les difficultés d’apprentissage qu’ils peuvent rencontrer en désacralisant le temps des devoirs par exemple.

Quand utilisez-vous cette pédagogie dans vos pratiques ? Est-ce systématique ?

Je pense que l’approche est assez globale dans ma façon de travailler auprès des enfants et adolescents que j’accompagne ainsi que leur famille. J’ai eu peu l’occasion de mettre en place des accompagnements individualisés car l’organisation du service ne le permet pas actuellement.

Où intervenez-vous ?

J’interviens au SESSAD Saint-Pierre Espérance et je commence à intervenir de façon hebdomadaire à raison d’1h30 sur l’ITEP St Pierre Millegrand.

Qu’est-ce que vous apporte cette pédagogie dans vos pratiques ?

D’être en lien plus facilement avec les équipes pédagogiques et les intervenants extérieurs, principalement les orthophonistes.

Dans mon métier d’éducateurs, elle me permet également de posséder des outils, notamment de mémorisation, qui peuvent aider les enfants.

Qu’est-ce qui vous motive ?

Le plaisir de faire un métier dans lequel  je me sens bien et pour lequel je suis heureux de me lever le matin !

Pourquoi avoir choisi ce métier ? Et avoir voulu apprendre en complément cette pédagogie ?

Le métier d’éducateur s’est imposé à moi après plusieurs expériences professionnelles différentes et enrichissantes qui me ramenaient systématiquement auprès d’adolescents. J’ai donc passé mon diplôme en VAE afin de pouvoir exercer ce métier pleinement. La pédagogie positive est venue m’apporter des clefs sur mon fonctionnement comme apprenant, mes points de blocage et comment les dépasser. Aujourd’hui je souhaite pouvoir transmettre cette pédagogie auprès des enfants que j’accompagne mais également auprès des professionnels de l’établissement intéressés.